Ou en tous cas, c’est ce dont j’essayais de me convaincre ce matin, juste après m’être fait la réflexion que mon envie irrépressible de préparer du miel aux piments n’était pas des plus compatibles avec le fait que je n’aimais pas le miel.
Techniquement, je ne vais donc pas le goûter, ni lui trouver des associations me permettant de dire à Rigolus « mais siiiii essaie sur une tartine de Philadelphia, c’est incroyable ! ». La tartine de Philadephia, c’est d’ailleurs une suggestion du type du site américain sur lequel j’ai trouvé cette association miel/piments. Et c’est en découvrant ses autres suggestions que j’ai constaté l’incohérence de mon projet, car il proposait de le goûter sur des pancakes. J’ai beau aimer vraiment le piment, je ne vois pas à quel moment j’aurais envie de pancakes pimentés sur ma table de brunch.
A ce stade, je pense donc offrir ce pot de miel à mon ghost cooker. Celui qui cherche à reproduire les crêpes parfaites de Douarnenez ou accepte d’allumer un barbecue « parce que j’ai vu un truc super sur internet« . A savoir « allumer un barbecue« , dans mon dictionnaire personnel, ça veut effectivement dire « allumer un barbecue » mais ça veut aussi dire « gérer la cuisson du truc super que j’ai vu sur internet« . Donc ça mérite bien un peu de miel tout ça, d’autant que ce ghost ccoker est la même personne qui a inventé un jour « la gorgée du gentleman » pour parler de cette gorgée de fin de bière que je n’aime pas du tout boire. Car, oui, être un ghost ccoker n’est pas une fin en soi, on peut aussi être un gentleman et tout un tas d’autres choses comme ingénieur logiciel ou surfeur. Et d’autres trucs que la loi française ou les bonnes moeurs ne m’autorisent pas à écrire ici.
Mais si vous voulez mon avis, ce qu’il faut vraiment retenir de cette histoire de miel, c’est que la vie est belle quand on s’autorise à réaliser ses projets même les plus petits et incohérents. Et aussi qu’on fait sans doute partie des chanceux quand on a le loisir de se prendre la tête sur des détails pareils.
J’ai fait d’autres trucs aussi ce week-end, ne croyez pas que je suis restée assise à contempler le miel aux piments sur le plan de travail ou le ciel étoilé au-dessus de ma tête (et la loi morale en moi, comme disait le philosophe).
Des champignons à la crème et à l’ail des ours
Je n’ai pas mis de citron et de parmesan, mais sachez que c’est incroyable avec du citron et du parmesan. En les préparant, j’ai pensé à Fabian qui n’aime ni la crème, ni le parmesan (sachez-le, si on a déjà parlé bouffe ensemble, je suis susceptible de penser à vous en cuisinant pendant environ 30 ans après notre conversation).
Une marmite de légumes hyper bonne
J’ai fait revenir un oignon avec du bacon, j’ai ajouté des carottes en rondelles et des petits pois (surgelés). Puis du concentré de tomate, une boîte de tomates concassées et du bouillon. Puis des pommes de terre. Ensuite, paprika, cumin, sel et poivre. J’ai fait mijoter longtemps (environ le temps de bien boucler mon sujet miel piments du jour) et j’ai goûté une dizaine de fois pour me réjouir du fait que c’était super bon. Le projet était que champignons et marmite de légumes viennent agrémenter le poulet du dimanche (qui est de gauche, rappelons-le) de ma mère.
Des tablettes de chocolat parce que j’avais vu ça sur internet
Il y a quand même des trucs bien sur internet, non ? Même si globalement ça ne vaut pas la vraie vie. Les câlins par exemple, truc hyper basique de la vraie vie, taux de satisfaction ultra élevé. Autre exemple en faveur de la vraie vie : ma soeur et la colorimétrie. Je vous explique : ça fait des semaines que j’essaie de savoir quelle saison je suis (parce que j’ai visiblement ajouté un arc narratif colorimétrie à ma vie) et je ne sais toujours pas si je suis été ou automne. Donc, satisfaction pas ouf, par exemple par rapport à des câlins. Mais, ce week-end, j’ai vu ma soeur (celle qui aime la bière et est probablement printemps), j’ai commencé à lui parler de colorimétrie (la chanceuse). Et là, toutes mes recherches ont pris un sens nouveau : en fait, je peux faire des trucs dans ma vie uniquement pour les raconter à ma soeur et voir des ampoules s’allumer. Ma soeur est ma muse de la colorimétrie : colorimétrie en ligne 0, raconter mes échec de colorimétrie à ma soeur dans la vraie vie, 1.
Vous êtes d’ailleurs aussi mes muses, chers lecteurs. Parce qu’il faut savoir que pour un article publié ici, il en existe environ 1000 autres écrits dans ma tête. Des paragraphes entiers patiemment peaufinés au fil de mes journée et de mes nuits pour ne finir nulle part (en revanche, je ne connais pas l’ennui, c’est toujours ça de pris).
Donc les tablettes, là, c’est facile et le résultat est cool. Très peu d’efforts pour pas mal d’effets, tout ce qu’on aime. On allume le four à 50, on met des tablettes de chocolat les unes à côté des autres sur un tapis en silicone et on attend que le chocolat soit un peu fondu, en testant avec une brochette par exemple. Ensuite, on sort du four, on fait des petites volutes avec sa brochette et on ajoute des trucs pour décorer et agrémenter. Comme pour des mendiants, parce qu’en fait ça semble être exactement la même chose. Mais avec un petit côté 2024.
Des muffins à la bière avec une chantilly qui n’est jamais montée
N’ayant jamais peur d’évoquer les sujets qui fâchent, je me dois de mentionner ma chantilly qui n’est jamais montée et qui était pourtant destinée à apporter une parfaite touche finale à mes muffins à la bière brune. A priori, la cause de cet échec est le manque de gras de ma crème fleurette, je n’avais pas fait attention à la petite pastille qui indiquait 15%, alors que 30 m’aurait permis de réaliser mes rêves les plus fous.
Moins de chantilly et plus de miel aux piments dans ma vie, je ne sais pas ce qu’on doit en retenir.
