saint-jacques Welga

Georges est mort, mais c’était un très bon samedi

Alors oui, ce texte aurait dû être en ligne dimanche dernier, mais vous savez comment est la vie, imprévisible et tempétueuse.

Imprévisible et tempétueux, Georges l’était aussi. Enfin, c’est comme ça que j’aime imaginer qu’il a vécu sa vie de bigorneau.

Georges avait débarqué dans ma cuizine par la malchance d’une livraison de Saint-Jacques à la maison. Malchance pour lui et peut-être pour les Saint-Jacques et sans doute aussi pour mon couteau et les doigts de ma sœur. Mais pas pour le menu de notre goûter.

Le type – appelons-le Julo – qui pêche les Saint-Jacques et les livre à Rennes avait découvert Georges au milieu de sa livraison du jour, s’étonnant d’un « bah qu’est-ce qui fout là celui-là ?« . Plus tard, avec ma sœur, on était revenues sur ce commentaire qui nous avait laissé dubitatives. Parce que personnellement, on aurait quand même été plus étonnées de trouver un poussin ou un iguane au milieu des coquillages, qu’un bigorneau. Mais passons, il devait avoir des infos qu’on n’avait pas. Vous connaissez les gens de la mer…

A ce stade, et pendant les heures qui ont suivi, Georges avait l’air franchement en forme. A le voir patauger dans l’eau des Saint-Jacques avec ses toutes petites cornes mignonnes, on se désolait même un peu que mon plan de travail soit sa dernière demeure. Et on aurait dû s’en tenir à ce constat, ou le manger. Mais que voulez-vous, on s’était déjà attachées.

D’ailleurs, vous êtes peut-être experts en bigorneau, mais moi j’ai découvert à l’occasion que cette petite bestiole pouvait vivre 10 ans. Quel âge avait Georges ? On ne le saura jamais.

Pendant que notre bigorneau adoptif profitait innocemment de la vie, ma sœur s’occupait des quatre kilos de Saint-Jacques. Pas vraiment une sinécure : il y a eu du sang et de la sueur et des cris (ma sœur, celle qui aime la bière, aime bien aussi gueuler. Elle est née comme ça), il y aurait sans doute aussi eu quelques jurons si elle était vulgaire (mais elle ne l’est pas souvent, à peine un « sa mère » de temps à autres).

Je l’aurais bien aidée dans sa mission, vous vous en doutez, sauf que je devais cuire des légumes et fabriquer de la ricotta. Malgré cela, on s’entend toujours bien parce qu’elle sait que le jour où elle m’appellera pour passer une éponge humide sur une table pleine de miettes, je serai là pour elle.

On s’amusait donc comme des petites folles dans ma cuizine (c’était juste après qu’elle ait cassé un couteau et se soit coupée le doigt) quand on a dû s’interrompre pour aller chercher mon auto rouge. Je n’ai pas pu vous raconter ici comment et pourquoi ma Volvo adorée a disparu soudainement de ma vie une nuit de novembre parce que je suis encore assez loin d’être prête à en rire. Je peux tout au plus faire du cynisme, mais à un certaine stade, le cynisme n’est pas si drôle (je m’étonne moi-même d’écrire un truc pareil).

Vous vous seriez senti mal à l’aise et ce n’est pas une chose que je vous souhaite. Je préfère vous imaginer en train de faire une bombe à la piscine.

J’étais quand même très contente de récupérer mon auto rouge (nan mais elle est VRAIMENT très rouge), sauf qu’avec ma sœur, on était un peu déçues de devoir rentrer chacune dans notre véhicule. C’est moins marrant de raconter des bêtises sans personne pour surenchérir.

Le programme est quand même rapidement redevenu marrant quand on s’est installées pour le goûter, pour déguster un velouté de panais et de carottes garni de Saint-Jacques poêlées, puis des gnudi accompagnés de Saint-Jacques au beurre de sauge. Dans nos coupes, du Prosecco que j’avais reçu plus tôt dans la journée (avec quatre paires de chaussettes. Colis Kamoulox, mais colis qui fait plaisir)(même si les chaussettes sont trop grandes).

C’était bien bien bon ce velouté (en vrai, c’était plutôt un écrasé mais j’ai envie de vous faire croire autre chose), ces gnudi, et surtout les Saint-Jacques. Et on n’avait pas volé ce chouette menu, parce que toutes nos missions du jour nous avaient quand même fait sauter le déjeuner !

C’est aussi ça le quotidien des esprits libres, ils sont parfois trop occupés à vivre de grandes expériences qui pincent les doigts pour prendre le temps de déjeuner.

(Mais on avait quand même extrêmement faim à 16h. Sous notre plastique extraordinaire, nous restons des humaines comme les autres.)

Vous terminez cette lecture en vous étonnant de ne pas savoir ce qui est arrivé à Georges ? Une photo vaut mieux que mille mots.

Ne faites pas ça à la maison.

(Par contre, faites-vous livrer des Saint-Jacques à Rennes pendant que c’est encore la saison, c’est bien pêché, c’est ultra frais et Welga offre un massage pour tout commande supérieure à 500g.)

Grains de sel

  1. Oh mais c’est trop une belle histoire, on se croirait dans une chanson de Voulzy. Moi aussi je veux grailler des coquilles saint jacques en buvant du prosecco avec vous. Et même aller au garage si ya besoin. Moi je veux bien faire n’importe quoi pour boire un coup avec vous là bas!

  2. Bon. On se voit cet été ?

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