Le dimanche à moitié vide

Je suis un peu désolée parce que le titre de l’article sonne vraiment très mélancolique alors qu’en fait je suis plutôt d’humeur cynique mais allez, je vous raconte quand même mon dimanche pas si pire.

Ce dimanche, je l’ai même vu carrément vide au moment où j’ai aspergé toute la cuisine et toute la terrasse de ginger ale et suis passée pas loin de la mort, à cause du sol glissant et de mes pieds nus.

Mais commençons par le commencement. Le matin, 6h. Les chats du quartier. Vous voyez ces bruits de matous et de chattes en chaleur qu’on confond facilement avec ceux d’un bébé qu’on serait en train d’égorger ? Ben voilà. Ça, en continu, sans bien savoir de quel côté de la haie ça vient. C’est un bruit parmi les plus insupportables d’après moi, limite je préfèrerais dormir à côté de quelqu’un dont l’occupation nocturne favorite serait de faire crisser sa fourchette sur une assiette ou sa craie sur un tableau.

Le coupable, c’est un chat noir et blanc avec une grosse queue, que la voisine à chats a récupéré et qu’elle a pourtant emmené se faire castrer. Mon avis : soit le vétérinaire ne sait pas bien où se situent les trucs à enlever pour castrer les matous, soit ce chat en avait quelques paires de secours.

C’était tellement affreux que je suis sortie nue dans la rue armée d’une batte de base-ball prête à exterminer ce chat forcément débarqué des enfers tant il gâche des vies (bon, en vrai, je n’étais peut-être pas tout à fait nue et peut-être plutôt armée de bouchons de liège, m’enfin la version « nue avec la batte » est la vie que j’ai choisie de mener dans ma tête). De toute façon, je l’ai à peine vu détaler après deux trois autres énergumènes que la journée commençait, il devait se dire qu’il avait déjà suffisamment bossé.

Plus tard dans la matinée, je suis allée chercher Rigolus avec son frère ainé qui a désormais son permis de conduire et son bac (deux trucs qui ne sont pas des signes évidents de maturité, qu’on se le dise au fond des ports)(dise au fond des ports). C’était chouette de découvrir que mon allume-cigares ne fonctionnait plus alors qu’on se rendait dans le Kreizh Breizh, dans un endroit plutôt paumé sans océan et sans vagues.

Je me demande en passant quand le nom d’allume-cigares a été gravé dans le marbre pour parler de ce truc qui a quand même du allumer plus de cigarettes que de cigares. Désormais, ça devrait plutôt s’appeler « ouf je peux recharger mon portable même dans ma vieille caisse ».

On a quand même gardé la foi à défaut de GPS et fini par atterrir à l’écodomaine du Bois du Barde. J’étais un peu déçue de ne pas prendre de photo mais surtout beaucoup trop contente de voir Rigolus.Tant pis si c’était juste pour faire le taxi et m’en séparer à nouveau, à peine rentrés (après un trajet de retour en mode étuve grâce à mon réservoir de clim vide).

J’ai ensuite largué Rigolus et son grand frère l’âme en peine, d’autant que Rigolus n’était pas en super forme. Je suis rentrée à la maison et j’ai été accueillie par mon esclave de cuisine qui se cachait derrière la haie pour me faire peur et ça a bien marché (c’est farceur un esclave de cuisine, heureusement que ça compense en cuisinant du beef jerky).

Ensuite j’ai décidé que ça allait être fabuleux de boire un verre frais de ginger ale, j’en ai donc sorti une bouteille du frigo, je l’ai ouverte et j’en ai mis PARTOUT. Dedans, dehors, sur le sol, sur les murs et les plans de travail, sur moi, sur les fenêtres. J’étais si contente que j’avais envie de pleurer de rage. Sur internet, on lit : « mettez la bière de gingembre au frais pour stopper la fermentation » mais permettez-moi d’en rire à gorge déployée ! Dans mon frigo, le ginger ale vit sa meilleure vie et quand on l’ouvre, ça éclabousse jusqu’à l’endroit où le ginger ale a été inventé. Peut-être même jusqu’à l’époque à laquelle il a été inventé (au doigt mouillé, je dirais vers 1800 en Arkansas)(en réalité, plutôt en Jamaïque).

Du coup, au lieu de respecter mon programme initial qui était de cuisiner, j’ai nettoyé la ginger beer (devinez si ça colle ?) et après, il n’était plus l’heure de rien à part mâchonner tristement un bout de beef jerky et aller se coucher en boudant encore et en priant pour que le cauchemar du chat noir et blanc ne se reproduise pas (je suis sûr que ce bruit peut mener des gens très bien à une décompensation)

Eh voilà ! Un dimanche à moitié vide, certes, mais un dimanche fini. Qui est loin de m’avoir dissuadée d’avoir toujours de la ginger beer au frais 🙂