Retour à Little Wing

Dévorer aussi les livres : Retour à Little Wing

Mis à jour le 5 juin 2017 par Mme DansMaCuizine

Retour à Little Wing

Comme l’an passé, j’ai participé aux matchs de la rentrée littéraire de Price Minister. Enfin , « participer » c’est un bien grand mot : en 2103, j’avais en réalité passé mon tour, hésitante à faire la critique d’un livre islandais dans lequel il était question de grands (ou moyens) espaces, de paysans rustres et de zoophilie (vous comprenez dans mon résumé tout subjectif que ma critique aurait manqué de nuance… D’autant que c’est un roman très apprécié, dont le principal protagoniste semble être attachant et même plus pour de nombreux lecteurs. Moi je l’ai trouvé tout bidon.)

Cette année, j’ai donc opté pour une valeur sûre (en vrai je considère aussi la littérature scandinave comme une valeur très sûre) : je me suis tournée vers la littérature américaine. Et même, à mon sens (première et dernière fois que vous lisez cette expression ici), pour une valeur encore plus sûre : la littérature américaine de la cambrousse (cambrousse de la forêt, cambrousse des plaines, cambrousse des grands lacs…).

Tel que je m’en souviens, j’ai choisi ce livre sur un pitch de ce genre : des potes originaires de la même ville se retrouvent  à la trentaine, à l’âge des mariages et des bébés. Leurs vies, leurs relations, leur passé… Tout est bien compliqué. Ces types, aux caractères et aux aspirations différents, sont unis par un truc puissant : leur attachement à leur bourgade de naissance, Little Wing.

Au commencement, c’est sympa mais c’est un peu mou et un peu caricatural : un des mecs est resté élevé des vaches, un des mecs est devenu un loup de wall street (Kenavo les bouseux !), le gratteux est devenu un chanteur folk connu, le play-boy un peu limité suite à un accident de rodéo.

Et, de fil en aiguille… Ah ben c’est qu’on s’attache dites-donc… Le narrateur prend tour à tour la voix des différents personnages, j’aime bien ce processus narratif en général. Les dialogues sont tendres et les personnages plus nuancés qu’il n’y paraissait (et d’ailleurs, c’est peut-être fait exprès, je dis ça, je dis rien). On change de point de vue : la réussite du self made man paraît moins flamboyante et le fermier se transforme en cow-boy de la pub Marlboro doublé d’un père de famille et d’un mari idéal.

Le revirement est réussi mais je ne me suis pas vraiment laissée prendre au jeu et moi, ce que j’aime par dessus tout c’est me laisser prendre au jeu. Du coup, à la question, « recommanderiez-vous ce roman à vos lecteurs en votre âme et conscience ? », je répondrais… à la Normande. Oui parce que la thématique, oui parce que les personnages sympas, oui parce que l’auteur a aussi l’air vachement sympa… Et non parce que je trouve que ça ne « décolle » pas vraiment, ni dans l’écriture, ni dans l’histoire (et je suis pourtant plutôt adepte de la contemplation quand c’est bien servi).

Bon bien sûr, je ne suis personne pour juger ça et cette critique n’est éclairée qu’à la modeste lueur de mon amour pour la littérature, je suis peut-être passée à côté pour de mauvaises raisons. Rien que de l’écrire, j’ai envie de changer d’avis… (Mais l’ambivalence est sans doute ce qui me caractérise le mieux. Sad to say).

Il me semble avoir lu quelque part (=l’info fiable du siècle) que les droits ont été rachetés par la Fox pour faire un film de ce « Retour à Little Wing ». Je serais curieuse de voir ce que ça deviendrait à l’écran…

Et vous vous l’avez lu ? Vous êtes plongés dans quoi en ce moment, à part la digestion ? Moi, je lis Wild de Cheryl Strayed, sur les conseils de Pascal de la Librairie du Voyage.

« Madame Dansmacuizine ?

– oui ?

– c’est quoi le rapport avec la cuisine ?

– ben y’a pas vraiment de rapport mais j’ai décidé que la prochaine fois que je te parlerai de livres, promis ça parlera aussi de bouffe…

– oui, mais pour aujourd’hui ?

– ben on va faire sans, mais l’année se termine, presque finies les conneries !

– mouais, on doute pas que vous allez nous en trouver de nouvelles dès le premier janvier… »

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